Qui suis-je ?
J’avais en moi le désir d‘exprimer le mouvement. La nature m’a appris le reste…J’ai découvert la sculpture assez jeune, en ramassant puis en nettoyant quelques branches mortes que la nature avait abandonnées.
On peut dire que mes premiers « Maîtres » furent de vieux châtaigniers qui habitaient une forêt, non loin de mon foyer. J’aimais m’y promener, contemplant cette sculpture naturelle, s’élançant vers le ciel avec toujours ce même désir d’exister. Les vents et les pluies les avaient fait plier mais ne les rendaient que plus beaux.
Puis entrant dans la vie adulte, j’oubliais. J’oubliais mes rêves, mes promenades pour me consacrer à une vie raisonnable dans un monde raisonnable. Je fis des études, m’éloignant toujours un peu plus de ces balades et de mes rêves d’enfants.
Puis un beau jour, plus rien…
Une seule idée fixe en tête : « Ne suis-je pas entrain de m’égarer, la vie n’a t-elle un sens que si l’on suit sa voie ? Son propre chemin ? Où était le mien ? Devais-je suivre la raison ou mon cœur ? »
J’ai finalement tout arrêté pour devenir « apprenti sculpteur ». Je suis retourné voir mes maîtres les châtaigniers. J’ai repris me bouts de branches, les nettoyant, les décortiquant jusqu’à ressentir l’essence même de leurs mouvements.
Puis, un jour, je décidais de me lancer, sculpter dans la masse, reproduire ces lignes, ces courbes, ces gestes sur un bois neutre, dépourvu de toutes formes. Une œuvre mettait un à deux mois à venir au monde. C’était une méditation de chaque instant, une forme en entraînant une autre et ainsi de suite jusqu’à l’éclosion. Je n’avais pas vraiment d’idée de ce que je voulais, je me laissais guider par le bois, les formes, mes outils…
Puis ma vision s’est affinée, je voyais à l’intérieur de moi-même des formes que je n’arrivais pas à réaliser par manque de technique et de confiance en moi.
Je pris donc une année pour me former. Je découvrais les différents styles, j’apprenais ce qu’était un fond piqué, un bas relief, un haut relief, une rond de bosse. J’apprenais également le modelage, le moulage et la dorure. J’apprenais enfin à maîtriser les différents outils.
Mes ailes avaient poussées, je pouvais prendre mon envol. Mais il me manquait toujours quelque chose. Cette légère bise qui aide un oiseau à se lancer et faire le grand saut… Je crois qu’elle est arrivée le jour où j’ai découvert la sculpture monumentale.
« Voir grand pour comprendre le petit. »
« Voir petit pour comprendre le grand. »
Le monumental est magique par sa taille et ses possibilités. Les outils utilisés permettent de trancher dans le vif, d’enlever rapidement de la matière…
Mais je m’égare, ceci est une autre histoire …
Si vous lisez ces mots, c’est peut-être que vous aussi, avez ressenti cette légère bise qui vous à menée jusqu’à moi.
Alors, si vous voulez entendre d’autres histoires sur l’importance du vide pour créer du plein, ou la ligne droite qui se perd en mouvement, je vous invite à venir visiter mon antre pour le partage d’un moment, d’une conversation ou d’un silence.
Une histoire ne s’écrit pas seul.